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BEINE-NAUROY (Marne). Une association de défense de l’environnement redoute de voir « l’héritage » du centre d’expérimentation atomique finir dans la décharge de Beine-Nauroy.

FAUT-IL avoir peur de la radioactivité dans le canton de Beine-Nauroy ? Damien Girard, président de l’association de défense de l’environnement de Pontfaverger et sa région, répond à nos questions.
Qu’y a-t-il de nouveau aujourd’hui qui vous fasse craindre une pollution radioactive ?
« Nos craintes proviennent de l’extension de la décharge de Beine-Nauroy, qui va passer de 25 hectares à près du double ; les travaux ont démarré il y a huit jours. Or on ne voit pas très bien ce qui justifie cette extension, d’autant que désormais, les déchets ménagers ne viennent plus ici mais sont incinérés à La Veuve. »
Que vous dit-on lorsque vous posez la question au sein de la structure compétente, la Clis, commission locale d’information et de surveillance ?
« On nous parle de palettes, mais on a du mal à imaginer que le nombre de ces palettes justifie un doublement de la surface ; on nous parle aussi de biomasse, mais ça ne nous convainc pas davantage, car la biomasse s’obtient à partir des déchets ménagers, qui ne viennent plus. En fait, on a l’impression que ça « bafouille ». »
Vous avez votre petite idée sur ce qui justifie cette extension du centre d’enfouissement ?
« Nous nous demandons effectivement si ce n’est pas pour accueillir des déchets radioactifs dans la perspective de la fermeture du CEA (commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) de Moronvilliers (commune de Pontfaverger), prévue dans quatre ans. »

Ce qui n’est pas interdit…

« Ce serait légal, c’est vrai, dans la mesure où la radioactivité des déchets resterait faible, puisque nous sommes dans le cas d’une décharge de classe 2. Mais nous essaierons quand même de nous opposer à ce stockage de déchets s’il se confirme. »
Pourquoi ? Que redoutez-vous ?
« La pollution de la terre et, par voie de conséquence, de l’eau. »
Qu’est-ce qui vous permet de supposer qu’il peut y avoir pollution ?
« J’ai des chiffres provenant du ministère de la Défense, datant de 2005 : à cette date, la radioactivité dans le sol sous le CEA était déjà quarante fois supérieure à la radioactivité naturelle. »
Mais dépassait-elle un seuil critique ?
« Non, quand même pas : on était à 10 microgrammes d’uranium par litre d’eau, alors qu’il ne faut pas dépasser 15. Mais on voit que la marge qui reste est assez faible… Et puis, on se demande bien pourquoi on a décidé brusquement, il y a trois ans, de fermer ce CEA, alors qu’on y a investi beaucoup d’argent, 176 millions d’euros entre 2000 et 2010. C’est quand même curieux… Dans le même ordre d’idée, on aimerait bien savoir pourquoi le puits d’alimentation en eau potable de Beine-Nauroy a été fermé, il y a une dizaine d’années. »

Deux hypothèses

Vous pensez que cela pourrait être à cause d’une contamination par le CEA ?
« Pour nous, il n’y a que deux hypothèses plausibles : soit c’était à cause de la décharge de Beine, soit c’était à cause du CEA de Moronvilliers. Mais si la décharge était en cause, l’administration aurait probablement pris des mesures contre elle. Donc on retient plutôt la seconde hypothèse. »
La Clis se réunit-elle prochainement, ce qui vous permettrait de poser vos questions ?
« Au cours du premier trimestre, mais nous n’avons pas encore la date. »
Antoine PARDESSUS

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